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LE COMMERCE À DÉLOS






    Ces gens du commerce s'organisent en compagnies se différenciant les unes des autres par l'origine de leurs membres et leurs cultes. Dans ce groupe hétérogène de marchands syriens, phéniciens, italiens, la différence de statut s'établit en définitive sur l'opposition entre ceux qui résident dans l'île et ceux qui sont de passage. Décrivant l'emporion de Naucratis, Hérodote, distinguait déjà de même, parmi les étrangers de la place de commerce égyptienne, les résidents et les passagers. Selon une formule de M. Rostovseff, "Délos a cessé d'être une cité-État grecque pour devenir une agglomération d'hommes qui entretenaient avec l'île des relations temporaires et qui s'intéressaient essentiellement à leurs affaires, à leur prospérité matérielle". Leurs intérêts seront troublés par la guerre de Mithridate et les assauts des pirates en 69 av. J.-C.

    III. TRAFICS DÉLIENS

    Les Déliens produisaient des spécialités qui faisaient leur réputation dans toute la Méditerranée, comme des objets de bronze ou de la pourpre. Pour suffire à leurs besoins, ils devaient importer matières premières et marchandises précieuses. Dès l'époque archaïque, les marbres de Naxos et Paros, transformés en offrandes, contribuèrent à l'éclat de Délos et attestent de la vitalité des échanges au sein des Cyclades. Nul doute enfin que le sanctuaire a soutenu l'activité économique et favorisé le développement du commerce délien. Les panégyries étaient l'occasion de foires.

    La vocation marchande du port de Délos est au demeurant tardive. Les prélèvements sur le trésor du dieu par le biais de prêts et les dépenses des pèlerins améliorent à l'époque de l'Indépendance le quotidien d'une modeste bourgade. Point d'ambition de négoce international dans cette communauté pourvoyant mal à sa subsistance. C'est ce qui semble ressortir des décrets en l'honneur de personnes originaires de la mer Noire et des détroits. Ces textes épigraphiques, rappelant en effet au long du IIIe siècle et de la première moitié du second des octrois de grain à la cité, comme ceux du roi numide Massinissa en 180, ou des ventes à bas prix, comme celle que consentit vers 250 un certain Dionysios, fils de Hiéronymos, de Byzance, ne témoignent pas, comme on l'a cru de l'existence d'un port de transit. Ces inscriptions ne reflètent pas une fonction économique de Délos redistribuant les céréales entre les pays riverains de la Méditerranée, mais plus prosaïquement des difficultés d'approvisionnement d'un centre de consommation. Les quelques timbres amphoriques rhodiens recueillis dans l'île ne sauraient persuader à eux seuls d'un grand commerce du vin avec la Méditerranée orientale.