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Dans un second article, A. Wilhelm a fait remarquer qu'un manuscrit de Fauvel porte la mention : "autel pris à Paros par la Flèche". A. Wilhelm, craignant en quelque sorte de prendre le Pirée pour un homme, ne considérait pourtant qu'avec hésitation que ce nom de la Flèche fût celui d'un bateau. M.-Th. Couilloud l'a avancé sans connaître la lettre de Fauvel publiée par H. Omont. Celle-ci le prouve et éclaire d'un jour nouveau les tribulations de l'autel du Musée Borély.
Il fut donc certainement embarqué sur la Flèche dès février 1787, sans que l'on puisse expliquer pourquoi il n'est pas dans la liste de Fauvel, au reste succincte. Quand ce chargement parvint-il à Marseille ? Se confond-il avec les "divers marbres" en souffrance à Malte en septembre 1787 ? Peut-être. Ne doit-on pas aussi en chercher la trace parmi les colis qu'entreposa Etienne Martin ? Celui-ci dans l'état de ce qu'il a "reçu pour Monsieur le Comte de Choiseul d'envoi de M. Gaspary", soit "en tout 73 pièces que l'on doit trouver en magasin", signale, à côté des caisses arrivées à Marseille en mars, puis en novembre, sur les bateaux des capitaines Allard et Roussel, "20 blocs venus de Toulon". Dans une lettre du 29 avril 1788, le même négociant, Etienne Martin, demande à percevoir le loyer des magasins occupés par la collection du Comte et à se faire rembourser diverses dépenses. Parmi elles, se trouvent les "frais de charrettes pour le transport de 20 blocs venus de Toulon" ainsi que les salaires des "portefaix pour le dit transport". On imaginerait volontiers que l'autel du Musée Borély, acheminé peut-être par les vaisseaux du Roi jusqu'à Toulon, a fini de rejoindre Marseille par la route.
S'il a quitté sûrement les Cyclades au début de 1787 et était vraisemblablement à Marseille en avril de l'année suivante, au plus tard, rien ne certifie qu'il fut trouvé à Délos. Mais comme le suggérait M.-Th. Couilloud, "rien ne s'oppose à ce qu'il ait été transporté sur un caïque de Délos ou de Rhénée à Paros, puis chargé sur un plus gros navire (La Flèche)". Le texte de la note de Fauvel conservée à la Bibliothèque Nationale va, à notre avis, dans ce sens ; elle ne dit pas que l'autel était parien, mais qu'il fut embarqué à Paros. Le silence sur le lieu de la découverte est paradoxalement significatif : il suppose une autre origine que parienne et invite à nommer Délos.
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