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DÉLOS ET MARSEILLE






    Les Nani, riche maison de Venise, constituèrent alors, et au siècle suivant, leur collection d'oeuvres déliennes. Rachetées en 1840 par le Musée Calvet en Avignon, elles sont maintenant provençales. C'est là un itinéraire complexe et exceptionnel. Les monuments déliens arrachés à leur sol ont en effet généralement suivi un parcours plus direct pour arriver en France. Chargés dans les Cyclades, ils ont été débarqués à Toulon, ou à Marseille.

    Ils y ont souvent seulement transité. C'est le cas d'un bas-relief funéraire "apporté de Marseille", selon Alexandre-Jules-Antoine Fauris de Saint-Vincens. Cette pièce faisait partie du "cabinet d'antiques" de son père, Jules-François-Paul, président à mortier au Parlement de Provence. Elle se trouve aujourd'hui au Musée d'Aix qui a recueilli la collection de cette famille après la disparition de son dernier représentant.

    La provenance délienne du relief est authentifiée par un témoignage resté longtemps méconnu de Joseph Pitton de Tournefort. Baudelot de Dairval avait fait en 1706 devant l'Académie des Inscriptions une communication sur "l'Epoque de la nudité des athlètes dans les jeux de la Grèce". D'après le compte rendu des travaux, publié en 1717, "M. de Tournefort, au retour de son dernier voyage du Levant, communiqua à quelques personnes de l'Académie, entre autres à M. Baudelot, le dessin d'un bas-relief de marbre antique qu'il avait vu dans une des îles de l'Archipel. Ce bas-relief représentait un petit temple où semblait arriver un homme nu, ayant seulement sur la tête une espèce de chapeau ; l'homme était suivi d'un cheval, et le cheval d'une femme vêtue d'une robe à longs plis". La description correspond à ce qui est maintenant dans l'ancien prieuré de l'Ordre de Malte (figure 6). Les Archives de l'Institut ont conservé un procès-verbal plus détaillé de cette séance qui eut lieu le 25 juin 1706. Elle était consacrée à "l'explication d'un bas-relief de marbre trouvé depuis un an dans l'île de Délos". Voilà qui fixe le lieu et le moment de sa découverte, 1705. Un dessin joint au dossier persuade enfin de l'identité de cette trouvaille et du marbre des Fauris de Saint-Vincens.