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SANTORIN, UNE "POMPÉI PRÉHISTORIQUE"






    La forme des bateaux et le décor de leurs coques ont conduit certains à évoquer l'Égypte et des opérations navales menées pour le compte du pharaon. D'autres ont vu, dans ce triptyque, une carte de la côte crétoise orientale. Marinatos l'interprétait comme le souvenir d'une expédition militaire en Libye, cette terre plus tard colonisée par les gens de Théra à l'époque de la fondation de Cyrène. C'est retomber chaque fois dans l'illusion réaliste, avec d'autant plus de risques que, dans cette fresque, le griffon côtoie le lion et le cerf. Mieux vaut considérer ces panneaux peints comme un témoignage sur l'imaginaire des insulaires égéens. La navigation en Méditerranée est source de prestige. Elle ouvre d'autres horizons à ceux qui la pratiquent. Elle apporte fortune et gloire, qu'elles soient acquises par le commerce ou les combats. Mais cette aventure demeure périlleuse. Bienheureux est celui qui revient au pays.

    Comme à Troie ou à Mycènes, les théories ont précédé à Akrotiri la fouille du site. Le regard plus visionnaire que prophétique de Marinatos a permis de connaître l'une des sociétés plus brillantes du second millénaire avant notre ère et de lancer la recherche. Il faut maintenant se déprendre d'une problématique inspirée du siècle passé pour comprendre le fonctionnement d'une communauté ancrée au sud des Cyclades. En oubliant la fiction de l'Atlantide et en distinguant la part des hommes et celle de la nature dans l'histoire du monde. Vers 1450, des Grecs venus du continent, les Mycéniens, s'installèrent en Crète par les armes, sans que l'éruption du volcan de Santorin, un demi-siècle plus tôt, n'ait causé d'autre destruction que celle, déjà terrible, de l'île où se trouvait Akrotiri.

    Hervé DUCHENE

    Ce texte est redevable de l'exposé de René Treuil sur "L'éruption du volcan de Santorin" paru dans le volume Nouvelle Clio, Les Civilisations égéennes du Néolithique et de l'Age du bronze (R. Treuil, Pascal Darcque et alii éd.), PUF, Paris, 1989.