La quantité de céramique importée n'est pas négligeable. Elle trahit les goûts d'une communauté ouverte. La "Maison occidentale" a livré de nombreux vases helladiques, fabriqués sur le continent. Ils sont évidemment moins nombreux que les vases minoens. Ces importations restent toutefois modestes en regard de l'abondante production locale. S'ils imitent quelques pièces minoennes, notamment des vases à boire, les potiers d'Akrotiri prennent d'abord leur inspiration dans le répertoire des formes cycladiques. Ils choisissent souvent d'autres motifs décoratifs que ceux des Minoens, comme le vol des hirondelles. Les fresques d'Akrotiri s'apparentent aux peintures pariétales crétoises. Les unes et les autres représentent des décors floraux, des singes bleus et des femmes aux longues jupes à volants cueillant des crocus. Mais les premières se distinguent des secondes par l'originalité de leurs sujets ou de leur mise en scène, comme à la "Maison de l'Ouest" les deux garçons nus revenant de la pêche ou la miniature de la flotte.

    Cette indépendance créative donne le sentiment qu'Akrotiri jouissait d'une certaine autonomie. Tournée vers la Crète comme la Grèce du continent, elle voyait peut-être au-delà. On a soutenu qu'elle avait été la première des républiques maritimes. Plus qu'une Pompéi, Akrotiri serait une autre Venise. La décoration de la "Maison occidentale" vient appuyer cette hypothèse. Une chambre à coucher porte la représentation de sept ou huit cabines de navire. La "fresque miniature" qui couronne les trois murs d'une autre pièce éclairée par deux fenêtres à quatre baies offre un tableau complexe. Trois moments organisent cette marine, présentée aujourd'hui au Musée national d'Athènes. Des navires quittent une ville établie sur le bras d'un fleuve, dans un paysage exotique. Des spectateurs montés sur les toits de maisons d'une autre agglomération urbaine, de type égéen, assistent au spectacle que donne une flottille. Enfin, des navires abordent devant une citadelle prête à tomber. Des corps flottent à la surface de la mer, témoins de la violence des combats.