Bandeau









1 2 3 4 5 6 7 8 9







LA COLONISATION GRECQUE






    Les apports grecs en Méditerranée ont souvent transité par des ports de commerce placés sous la protection de sanctuaires et la tutelle de puissances locales. L'emporion leur donnait les moyens d'une ouverture sur le monde et la possibilité d'en contrôler les effets. Hérodote décrit de la sorte celui qu'Amasis ouvrit à Naucratis. Dans cet établissement dépendant du Pharaon, et par lequel passait à l'origine tout échange avec l'Egypte, les Grecs avaient reçu le droit d'élever autels et sanctuaires à leurs dieux. Le plus grand, l'Hellénion était la fondation commune de Chios, Téos, Phocée, Clazomènes, Rhodes, Cnide, Halicarnasse, Phasélis et Mytilène. Les fouilles ont révélé en Etrurie des réalités comparables à Pyrgi, le port de Caere et à Gravisca, celui de Tarquinia. Là, dès 590, la marche des affaires que conduisaient des Grecs de Samos, Milet, Ephèse et Egine avec le milieu étrusque, était garantie par Aphrodite et, plus tard, par Déméter et Héra. Des centaines de dédicaces ont conservé la trace du passage de ces marchands. La plus spectaculaire est l'offrande d'une ancre de marbre que fit à Apollon, vers 500, Sostratos d'Egine. Le personnage ne nous est pas inconnu. Dans ses Histoires, Hérodote cite en effet Sostratos d'Egine, fils de Laodamas, comme le plus riche de tous les emporoi de sa génération.

    Le développement dans le monde de la colonisation archaïque de pratiques sociales et culturelles helléniques ne fut jamais la simple reproduction de modèles empruntés à la Grèce propre. Les grandes structures de la polis n'y existaient d'ailleurs qu'à l'état embryonnaire au moment du départ des colons eubéens. La Sicile grecque dut innover et le fit avec éclat. Elle remit son sort entre les mains de tyrans redoutés. Foyer de créations intellectuelles, elle fut la terre des premiers législateurs. Dès la fondation de Mégara Hyblæa, on distingua soigneusement domaine public et domaine privé. Au premier fut réservé, au centre de la cité, de vastes espaces civiques ou religieux, tandis que le second, parcouru de grands axes, était divisé en lots égaux. C'est en Sicile aussi que fut renouvelé le plan du théâtre et que furent mis en oeuvre des programmes architecturaux inédits, tels ceux des temples de Sélinonte où sont transposées sur le mode dorique des formules ioniennes. Les fortifications de Syracuse défendues par les machines du fameux Archimède surprendront longtemps par leur gigantisme.