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La conséquence de ces mouvements de colonisation à l'époque archaïque fut "de répandre l'hellénisme au-delà de ces bases premières" (P. Lévêque). Une carte de la diffusion des productions grecques, céramiques, amphores ou objets de bronze, et le rappel du nombre de leurs imitations suffiraient à montrer le dynamisme de ce processus. Le cratère de Vix, une oeuvre monumentale du VIe s. av. J.-C. (1.64 m, 208 kilos), forgée par des artisans de Tarente et trouvée dans la tombe d'une princesse celte, près de Châtillon-sur-Seine en Côte-d'Or, est comme le symbole de la séduction qu'exerça fort loin la Grèce. Il témoigne de la vulgarisation des usages du "symposion", où la consommation de vin nécessite un cérémonial et une vaisselle adaptée. Ce banquet à la grecque, avec des scènes de chasse et de jeux - autres "valeurs" du monde hellénique -, fournit justement l'essentiel du répertoire de la peinture des tombes de Tarquinia aux VIe et Ve s. av. J.-C. Inspirée grâce à l'intermédiaire de Tarente par les tombeaux macédoniens, cette peinture étrusque continuera plus tard à assimiler le meilleur de la création picturale des royaumes hellénistiques. Trouvées à Pithécusses dans des tombes de la fin du VIIIe s. av. J.-C., la signature d'un potier grec sur un fragment de cratère de production locale et la "coupe de Nestor", un vase de Grèce de l'Est portant, avec une référence à Homère, une invite à boire versifiée, conduisent à souligner le rôle de l'alphabet grec dans le développement de l'écriture en Italie. C'est également vrai en Sicile et en Gaule. L'exploration de "l'hérôon d'Enée" à Lavinium confirme enfin le prestige de la Grèce dans la propagation de "l'idéal héroïque". Autre signe de l'impact des cultes helléniques : sur l'Aventin, la statue du temple de Diane érigé par Servius Tullius était à l'image de l'Artémis de Marseille. Et la beauté du temple dorique de Ségeste ne doit pas masquer que cet édifice grec fut construit vers 425 av. J.-C. dans une ville qui ne l'était pas.
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