Bandeau









1 2 3 4 5 6 7 8







LES CONFÉRENCES DU VENDREDI 26 OCTOBRE 2001






    Hervé Duchêne (Université de Bourgogne), "L'École française d'Athènes et les voyages d'exploration : le témoignage de la correspondance inédite de Salomon Reinach".

    Nommé Directeur de l'École Française d'Athènes en 1878, Paul Foucart, ancien collaborateur de Waddington et de Le Bas et explorateur aguerri de l'Asie Mineure, voulut placer, au coeur de son action scientifique, le voyage d'exploration. Ces expéditions se concentrent, selon ses voeux, en Mer Egée et en Asie Mineure dans "la zone des colonies grecques". Elles doivent fournir en priorité du matériel épigraphique inédit, sans jamais négliger les blocs sculptés et les monnaies. Le dépouillement de la correspondance inédite de Salomon Reinach, membre de l'École Française d'Athènes sous la direction de Foucart, permet de suivre le déroulement au quotidien de plusieurs de ces entreprises qui enrichirent les collections du Musée du Louvre et sur lesquelles l'information était jusqu'à ce jour limitée.
    
    Les lettres de Reinach éclairent notamment les voyages du jeune Athénien dans l'Orient Méditerranéen entre 1880 et 1882 : périple dans les Cyclades et séjour à Amorgos ; visites au Nord de l'Égée, à Thasos, Lemnos et Imbros ; pèlerinage dans les Dardanelles à Troie, mais surtout exploration de l'Éolide. Reinach, tout en fouillant la nécropole de Myrina, découvre celle de Cymé et divers sites éoliens, comme celui d'Aegae où se retira Thémistocle. Ainsi revit tout un monde : contremaîtres et domestiques au service de l'Ecole française d'Athènes, aventuriers et brigands, marins et soldats, notables amateurs d'antiquités et banquiers de Smyrne. L'intérêt des lettres de Reinach vient de ce qu'elles s'adressent non seulement au Directeur, à qui l'apprenti-archéologue doit rendre des comptes, mais aussi à la famille du jeune Athénien et à ses camarades. Ces derniers ne manquent pas non plus de transmettre à Reinach leurs impressions en toute liberté : les joies de la découverte sont tempérées par de nombreuses déconvenues et les accès de fièvre. Elles plongent Marcel Dubois dans le marasme ; elles accablent Hauvette à Cos. Sur ces voyages, trop souvent improvisés et conduits avec des budgets réduits, rôde aussi l'ombre de mort. Elle emporte Bilco à Larissa et Veyriès à Smyrne. Mondry Beaudoin, occupé à des travaux sur le dialecte chypriote et à l'érudit grec Koraïs, tenta, lui, d'oublier le monde à Karpathos. Il y resta plusieurs mois sans donner plus de nouvelles. On s'inquiéta à Athènes. Parti à sa recherche, Haussoullier le retrouva, jouant de la flûte sur le rivage, peu enclin à rentrer parmi les siens. C'est avec cet original qu'Edmond Pottier visita Beyrouth, la Syrie et l'île de Chypre.

    C'est au cours de ces excursions, vécues entre archéologues, que naquirent de solides amitiés. Celle qui unit Reinach et Ramsay dura jusqu'à la mort. Ce correspondant priviligié adressa, semaine après semaine, et pendant une dizaine d'années, de longues chroniques sur ses découvertes en Asie Mineure. Au Caire, Gabriel Charmes informa régulièrement Reinach des débuts de l'Ecole du Caire et des travaux de Maspero.