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Encore une fois, que je n'oublie pas les papas ! Que ne dois-je pas au bon évêque de Naxos ! Que ne dois-je pas aussi au pauvre papas de Mélanès ! J'étais un moment descendu de mon mulet, pour faire halte dans ce petit village et je fus m'asseoir au café. Le papas, me voyant seul sur la place, vint à moi pour me causer. Il m'offrit des roses, des pêches, des grenades et du basilic. Et, comme je le remerciai : " Mon devoir, fit-il simplement, est d'aimer les hommes. "
Que je n'oublie pas non plus les vieilles femmes ! De la ville de Paros, abandonnant mon âne malade, je traversai l'île à pied, jusqu'à Santa-Marina. En route, j'eus faim. J'entrai dans une humble petite maison. Une bonne vieille m'apporta tout ce qu'elle avait, du pain, du fromage et du raisin. Elle me fit même du café. Je m'assis sur un escabeau ; il y avait là deux petits chats ; il y avait un petit chien aussi ; je leur jetais quelques mies de pain ; le petit chien et les petits chats mangeaient le pain que je leur jetais ; trois poules vinrent à leur tour pour picorer ; nous étions tous à ce moment très bons amis, très bons compagnons. La petite porte basse était ouverte ; devant moi, je voyais Naxos, la mer et le ciel immense ; une paix profonde partout, une exquise sérénité ; les paroles de ma bonne vieille me berçaient comme des cantilènes, et, pour un moment du moins, je faillis oublier que j'écrivais le grec et que j'étais en voyage.
Petite fillette, ma voisine, honneur à ta belle patrie !
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