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Que retenir de ce périple ? Il témoigne d'une collaboration active de la Marine nationale avec l'École française d'Athènes. Elle était habituelle, et souvent médicale. René Lantier a raconté que son père, médecin de la marine à bord de L'Alma, fit connaissance de Salomon Reinach, lors d'une escale en rade du Pirée. Reinach s'adaptera sans difficultés au microcosme du Latouche-Tréville. Dans son rêve de savoir universel, il dresse à la fin de son carnet des listes de noms d'officiers, de chefs d'escadre et de peintres embarqués. Il se constitue un répertoire des bâtiments de la flotte française. Il associe d'autre part à son voyage deux poèmes de Sapho. Son grec moderne paraît encore timide. Il recourt le plus souvent aux services du pilote grec, d'interprètes locaux ou d'interlocuteurs parlant français ou italien.
Ce voyage s'inscrit dans le cadre de la politique définie par P. Foucart. Le voyage d'exploration doit se concentrer désormais sur "la zone des colonies grecques" et fournir en priorité du matériel épigraphique inédit, même s'il convient de ne pas négliger les marbres sculptés. À cet objectif, Reinach ajoute une préoccupation plus personnelle. Elle est topographique, comme en témoignent les cartes détaillées des îles qu'il visite et ses efforts pour localiser des sites antiques, tel Abdère ou Maronée. Reinach mène enfin une politique ambitieuse d'achats destinés à enrichir les collections du Louvre. En moins d'un mois et demi, il dépense près de 3 000 francs. La somme est considérable, quand on la rapproche des 800 francs reçus au départ de France à titre d'indemnité ou du traitement annuel de 5 000 francs d'un professeur agrégé.
Hervé Duchêne
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