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SALOMON REINACH, L'ATHÉNIEN






    L'arrivée en Grèce de Salomon Reinach, reçu au concours de l'École française d'Athènes, est marquée en mars 1881 par sa rencontre avec un Dijonnais célèbre, futur ambassadeur de France à Londres. Charles-Joseph Tissot est ministre de France à Athènes depuis trois ans et président de l'Institut de correspondance hellénique. "Je me présentai à Tissot, il me revit à notre bibliothèque, et nous étions liés avant de nous connaître. Il m'a dit plus tard qu'il m'avait pris en affection parce qu'il me voyait une curiosité générale et que je paraissais désireux, à la différence des spécialistes, d'apprendre ce que je ne savais pas". Trente ans séparent Salomon de cet homme qui pourrait être son père. Mais ils sont nés le même jour, un 29 août, ce qui contribue à les rapprocher. Tout comme leur passion pour le dessin, leur goût des langues, leur amour de Lucain et leur propension à la mélancolie.

    Au mois de mai, ce nouvel ami s'embarque à bord du Latouche-Tréville. Il va rejoindre Constantinople en qualité d'ambassadeur extraordinaire. Le 15 juin, il deviendra ambassadeur titulaire. Voilà qui lui laisse peu de temps pour travailler à cette Afrique romaine qu'il médite depuis longtemps et dont Reinach a commencé d'enrichir le manuscrit par son savoir encyclopédique.

    À Athènes, le 18 juin 1880, Salomon vient d'achever un gros volume manuscrit de 418 pages sur La Langue des inscriptions attiques. Ce travail achevé, il partit pour Myrina, sur le delta du Khodka-Tchaï, entre le tchiflik d'Ali-Agha et l'anse de Kabalassari. Une nécropole était surgie du sol. Aristide Baltazzi, le propriétaire des ruines, avait accepté de concéder aux Français le droit d'y fouiller. Fournier avait obtenu un firman de la Porte. Démosthène Baltazzi, le frère d'Aristide, agirait sur le terrain en qualité de commissaire du gouvernement turc. E. Pottier, secondé par S. Reinach, conduirait les travaux. Du 10 juillet au 30 août, se déroula une première campagne d'une richesse exceptionnelle. La fouille des tombes permit de découvrir"de jolies figurines le disputant en grâce à celle de Tanagra". Dès octobre 1880, on partagea à Smyrne les premières trouvailles. Avec d'autres, plus nombreuses encore, et après d'autres partages, elles rejoindront le Louvre, où la salle des terres cuites de Myrina fut inaugurée en 1888.