Mis à jour, le volume a été augmenté d'une quarantaine de planches en couleurs et de près de cinquante clichés en noir et blanc. Plus sobres, ces illustrations, d'un style différent, sont plus proches de la vérité. Aucune des découvertes majeures de ces dernières années ne manquent à l'appel : ni la tête du vieillard trouvé au large de Porticello en Calabre, ni les bronzes de Riace (exposés au Musée de Reggio di Calabria), ni l'éphèbe de Mozya, près de Trapani, ni le matériel de la tombe de Vergina attribuée à Philippe II de Macédoine ou les fresques de Santorin du deuxième millénaire avant notre ère. Une bibliographie complète désormais chaque notice archéologique. De nombreux plans ont été ajoutés. Pour tenir compte des recherches en cours, plusieurs sites ont été introduits. L'exposé sur Pella, capitale de la Macédoine à partir de la fin du IVème siècle, est désormais soutenu par un double panorama sur la cité de Dion et les tombes princières de Vergina. De même, le monument funéraire princier (l'hérôon) de Lefkandi, en Eubée, est l'occasion de faire comprendre la complexité des "siècles obscurs", cette période de transition entre monde mycénien et Grèce archaïque.

    Remanié sans être repris de fond en comble, ce livre, grossi par les contributions de Gilles Touchais, Pierre Vidal-Naquet et Jean Ducat, est devenu différent de ce qu'il était. Il est comme perverti de l'intérieur. Au point d'affaiblir - et avec quelques bonnes raisons - les analyses de K. Papaioannou qui, célébrant "la lutte des classes" et "l'appel à la justice" dans les cités grecques, leur "sagesse tragique" et leur "vertu politique", arrêtait leur histoire à la bataille de Chéronée, envisageait distraitement le "legs d'Alexandre" et oubliait la vitalité des royaumes hellénistiques. Comme y invite Pierre Vidal-Naquet, il faut désormais lire ces pages comme un document conservant les traces de l'itinéraire d'un intellectuel grec, chassé de son pays en 1945, nourri de Marx et de Nietzsche et rêvant de réconcilier cosmos antique et modernité.