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MARSEILLE AU MIROIR DE SON PASSÉ GREC






    La ligne de quais dessinant la "corne" du port aujourd'hui gazonnée résulte d'un programme de grands travaux entrepris à l'époque romaine, dans le dernier quart du premier siècle de notre ère. Peu après, à proximité des quais, et au débouché de la source du Lacydon, fut construit un bassin-réservoir permettant aux navires de faire aigade, tandis que s'édifièrent au siècle suivant de vastes docks. Si l'on imagine les installations romaines grâce à R. Guéry, le port grec garde encore ses mystères...

    Toute la zone à haute époque était fortement marécageuse. Les premiers Marseillais s'employèrent à l'aménager. Au Nord de l'ensemble fortifié, s'étendait une nécropole comme l'attestent deux enclos funéraires du IVe siècle avant notre ère, dont le "monument à triglyphes bas" du "Jardin des vestiges". Ces tombes à incinération, fouillées par G. Bertucchi, éclairent les pratiques funéraires d'une cité où, dit-on, les deuils se supportèrent toujours avec une retenue exemplaire. Massalia resta attachée à ses moeurs austères, comme elle demeura fidèle à son passé ionien et à son alliance romaine. Cette image de fidélité, la tradition littéraire antique ne cessa de la vanter et Cl. et G. Rougemont l'ont justement rappelé.

    Ce tableau vivant, porteur en lui-même de nombreux débats, a été enrichi par les contributions de L.-Fr. Gantès dont les fouilles dans les quartiers au Nord du Vieux Port, près de la Cathédrale et de la Major, aux abords de l'église Saint-Laurent et face à la Vieille Charité "ont livré une impressionnante moisson de documents sur les origines grecques de Marseille". Ainsi se précise le faciès de la première implantation phocéenne. Dans un espace peu urbanisé, se développe vers 600 un habitat relativement éparpillé, accroché à la pente par un système de murs de soutènement et de terrasse. S'écartant du plan de type absidal, il est formé de cabanes modestes aux élévations de brique crue (adobes) prenant appui sur des solins. Sur le chantier de l'îlot 55, au milieu de ces maisons sur poteaux porteurs en bois, s'ouvrait un puits-réservoir alimenté par un canal enterré, embryon d'une organisation urbaine.