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MARSEILLE AU MIROIR DE SON PASSÉ GREC






    Depuis l'ouverture du chantier des fouilles de la Bourse en 1967, plus de trente ans ont passé. Alors que Marseille fête ses 2600 ans, il est temps de dresser le bilan de ces travaux et encore de les confronter aux découvertes spectaculaires faites depuis 1985 par la jeune équipe des archéologues municipaux, Lucien-François Gantès et Manuel Mortimer.

    Grâce aux fouilles de la Bourse en 1967, et alors que l'archéologie urbaine balbutiait, Marseille retrouva brusquement son passé antique. Rude face à face que l'on avait évité au siècle précédent en perçant la rue de la République et remis à des temps meilleurs quand fut détruit, puis reconstruit après-guerre, le quartier du Vieux-Port. Dix années de recherches difficiles, sous la direction de M. Euzennat et Fr. Salviat, permirent jusqu'en 1977 le dégagement d'une partie des fortifications de la cité phocéenne, la mise à jour d'aménagements portuaires et l'exploration de terrasses funéraires. Le colloque "Marseille grecque" n'a pas manqué de souligner l'importance de cette oeuvre pionnière. Mieux, il lui a donné une actualité nouvelle.

    En 1913, fut découvert au Nord de la Bourse un tronçon de rempart en calcaire rose. "La couche archéologique mise à nu renferme, sans mélange, des poteries grecques des IIIe et IIe siècles avant notre ère", notèrent alors G. Vasseur et H. De Gérin-Ricard. On attribua pourtant la construction à Crinas, un médecin marseillais qui sous Néron dépensa, au témoignage de Pline, six millions de sesterces pour "construire les murailles de sa patrie". Il ne fit sans doute que les restaurer. On sait en effet maintenant que le prétendu "mur de Crinas", formant système avec l'imposante "Porte d'Italie" flanquée de deux tours, date du milieu du second siècle avant notre ère. En un point, ce rempart hellénistique prend appui sur un mur d'appareil très différent, témoin d'un état plus ancien que l'on pensait du IVe siècle avant J.-C. De cette structure monumentale en calcaire blanc, H. Trézigny a repéré plusieurs autres vestiges. S'aidant d'archives inédites pour les mettre en relation avec un niveau stratigraphique, il a proposé de les interpréter comme la possible muraille archaïque de la colonie phocéenne. La superficie de l'établissement aurait été dès les premiers temps considérable. Cela n'étonne qu'à moitié. Comme l'écrit M. Gras, "les récentes fouilles de la Butte des Carmes 1981-1982) ont montré que, dès le VIe siècle, la ville est très étendue (buttes Saint-Laurent, des Moulins, des Carmes) ; il n'y a donc pas, comme on l'avait longtemps soutenu, une petite ville archaïque " explosant " à l'époque hellénistique, mais dès le VIe siècle, une polis occupant déjà un espace de près de 50 hectares".