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Au printemps 1892, tous les obstacles politiques étaient levés, mais il fallut encore de longs mois avant la mise en route des travaux. Leur direction technique fut confiée en juin 1892 à Henry Convert, conducteur des Ponts et Chaussées, aussi habile dessinateur et photographe qu'ingénieur et meneur d'hommes. Il procéda aussitôt à l'installation des voies d'un chemin de fer Decauville pour l'évacuation des déblais. Malgré la très forte déclivité du terrain et "dans les conditions les plus laborieuses, puisque le tracé devait suivre les espaces abandonnés par les habitants", le dispositif était prêt dès la fin de l'été. Quand la fouille tourna à plein régime, Convert régna sur un domaine de deux hectares. Trois kilomètres de voies parcourus par 75 wagonnets tirés par 10 chevaux le sillonnaient. Deux ateliers, l'un de charpente, l'autre de serrurerie, étaient occupés à l'entretien du matériel. Il y eut entre 40 et 220 ouvriers occupés au terrassement. En 1894, on avait déjà évacué 70.000 mètres cubes de déblais, avec des pointes journalières de 400 mètres cubes. En deux mois, on transporta à l'automne 1892 1100 mètres cubes de terre et 40 de pierres.
Le 30 septembre 1892 dans une lettre à l'Institut, Homolle annonce avec satisfaction qu'il se rendra "la semaine prochaine à Delphes avec M. Couve, membre de l'École, pour y commencer les fouilles" et se flatte du soutien de Tricoupis revenu aux affaires. La lenteur de la délivrance des mandats destinés à régler les expropriations ne semble pas entamer la confiance du Directeur. "Sans avoir encore, faute de paiement des indemnités, la libre disposition de tout le terrain, nous trouverons assez d'espaces vides pour faire un travail utile, et je l'espère, des découvertes fructueuses". Par force, les travaux reprendraient là où Foucart et Haussoulier les avaient suspendus en 1880. On commencerait donc par le déblaiement de la voie sacrée dans sa partie immédiatement au-dessous du Portique des Athéniens. Belle occasion de montrer "l'esprit de suite présidant à cette entreprise" ! Homolle n'était pourtant pas dupe. "Le choix du terrain d'attaque (...) que les circonstances nous imposait avait bien des désavantages" : des remblais "dépassant une hauteur de six mètres" et formés des rejets des précédents fouilleurs ; un espace restreint "où ne pouvait se mouvoir qu'un petit nombre d'ouvriers".
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