La commémoration de la "grande fouille" (1892-1903) ne doit pas faire oublier ses débuts difficiles. L'entreprise n'aurait pu aboutir sans la détermination d'un homme, Théophile Homolle (1848-1925). Nommé le 27 décembre 1890 directeur de l'École Française d'archéologie d'Athènes, il avait reçu pour mission d'en relancer l'activité scientifique et de régler le dossier des fouilles françaises de Delphes. En octobre 1892, il les inaugurait.

    Son énergie fut soutenue par la beauté d'un site dont il dira : "Je n'en connais guère qui produise une impression plus profonde et plus vraiment religieuse : il a le mystère, la grandeur et l'effroi du divin. Le sanctuaire est comme caché au fond d'un théâtre de roc ; un escarpement colossal l'enclôt, le domine, l'écrase, et les contreforts extrêmes du demi-cercle où il est enfermé semblent le séparer du monde". Comme pour attirer les archéologues ! En 1675, Jacob Spon et George Wheler reconnurent que la bourgade de Kastri était installée sur le sanctuaire d'Apollon et identifièrent la fontaine Castalie. En 1840, Ottfried Müller fouilla le premier dans les cours et jardins et repéra l'extrémité orientale du grand mur polygonal construit pour soutenir la terrasse du temple d'Apollon et couvert d'actes d'affranchissement. En 1860 et 1861, Paul Foucart copia près de 500 inscriptions et localisa la base de la "colonne des Naxiens". En 1880, Bernard Haussoulier dégagea trente mètres du mur polygonal, releva une centaine de nouveaux textes et découvrit le "Portique des Athéniens". Malgré le coût des expropriations, le nombre et l'importance des trouvailles poussaient l'École française d'Athènes à obtenir une concession du site. Dès 1875, à l'instigation de l'historien Ernst Curtius, un proche de l'Empereur Guillaume 1er, l'Allemagne et la Grèce avaient conclu une convention pour l'exploration d'Olympie. A charge d'en assurer le financement, les Allemands avaient le droit exclusif d'y fouiller. Sans pouvoir exporter les découvertes, hormis les doubles, mais avec la liberté d'en faire des moulages. En février 1882, Alexandre Koumoundouros s'apprêtait à signer avec la France un accord du même type, quand son gouvernement fut renversé par Charilaos Tricoupis.