|
|
L'identification des "Escolles" avec les îles de Délos et Rhénée est certaine. Un autre voyageur du XVIIe siècle, bien plus célèbre que notre navigateur, apporte sa caution. Le Lyonnais Jacob Spon, venu à Délos en août 1675, est intrigué par un monument près de son point de débarquement. Il écrit : "les habitants des îles voisines, qui ont quelque teinture de l'Histoire, tiennent par une espèce de tradition, que c'était le Gymnase, ou les Écoles ; et en effet assez près de là nous trouvâmes une ancienne inscription qui faisait mention d'un Gymnase, ce qui sert à confirmer cette opinion. Il est vrai qu'un peu plus à l'écart nous en trouvâmes une autre, qui parlait d'une semblable charge ; et ainsi cela ne pourrait servir qu'à prouver qu'il y avait un Collège à Délos. On dit même que la plupart des corsaires chrétiens appellent encore cette île, les Écoles".
Ce point acquis, les impressions de voyage de notre Marseillais ne sont pas très claires, comme l'a souligné M.-Th. Couilloud. La présentation de Fr. Arnaud est brève, elliptique et assez décevante. Il a parcouru le sanctuaire d'Apollon, mais aussi Rhénée, l'île qui lui fait face. C'était la nécropole de la Délos antique, mais aussi sa "chora", le territoire pourvoyant à une partie de la subsistance des Déliens.
Fr. Arnaud n'a retenu de sa double excursion que les monuments les plus impressionnants. Ce furent ceux de Délos. Le théâtre ne laisse assurément pas insensible. Tous les visiteurs, ceux du passé comme du présent, sont frappés par les puissants murs de soutènement de la "cavea" en gros blocs de marbre blanc. Mais quels sont les deux monstres rencontrés par notre Marseillais ? Deux morceaux du "colosse des Naxiens", ce "kouros" célèbre dès l'Antiquité. Haut de près de huit mètres, il fut placé dans le sanctuaire d'Apollon, vers 590 avant notre ère, sur une base elle aussi colossale. Après la ruine de Délos, la consécration, brisée, fut victime des fours à chaux et des pillards. Fr. Arnaud a sûrement vu la tête du colosse qui fut sciée vers 1670 ; il n'en existe plus aujourd'hui que le torse, près de l'Artémision.
|
|