Bandeau









1 2 3







LE PREMIER MARSEILLAIS EN VISITE À DÉLOS






    Au début de ce siècle, H. Omont a fait connaître le texte d'un "petit cahier manuscrit, provenant de l'ancienne abbaye de Saint-Germain-des-Prés, et aujourd'hui conservé à la Bibliothèque Nationale (ms. français 19896)". Il contenait "le journal autographe (...) d'un double voyage" à Athènes et à Constantinople, puis à Jérusalem, en 16O2 et 16O5, du capitaine marseillais François Arnaud, qui commandait le "gallion" de François Savary de Brèves, ambassadeur du roi de France, près de la Porte ottomane". Il y a dans cette relation deux moments que l'écriture distingue nettement : le "voyage de Jérusalem" de1605 est précédé par un "voyage au Levant".

    Ce dernier seul nous intéressera : il contient la trace d'une visite à Délos au tout début du XVIIe siècle. Gageons que d'autres capitaines marseillais ont fréquenté les eaux déliennes à cette date ou même avant. Et leurs témoignages attendent peut-être encore la publication. Mais pour l'heure, François Arnaud est le premier Marseillais à avoir laissé un souvenir écrit de son passage et un des plus anciens voyageurs à avoir parlé de l'île d'Apollon.

    Ce capitaine n'était pas sans goût pour les monuments du passé. Parti de Marseille, il visite Athènes et y relève quelques inscriptions antiques. Mais décrivant le port du Pirée, c'est le marin et le Marseillais qui parle : "A 3000 de la ville, [il] y a un port non pareil, à l'embouchure duquel [il] y avait une tour de chaque côté, et se fermait avec une chaîne comme celui de Marseille, et dans le dit port, à main gauche, [il] y avait une darseno, où était la demeure des galères". Il retournera à Athènes, à la fin de son périple dans le Levant, marqué par un séjour dans la région du Mont Athos. Il avait auparavant effectué une course en Sicile puis dans les Cyclades.

    Il raconte : "Au dit Athènes, je chargeai des marchandises et m'en allai à Messine en Sicile, et passai 32 jours ; je fis voile et m'en allai dans l'Archipellaige, et passai en deux petites îles nommées les Escoles, où je mis pied en terre et vis beaucoup de statues et surtout un géant et une géante et un théâtre. Les Vénitiens ont une forteresse tout au pied des dites Escoles, qu'ils nomment le Tino, et journellement mandent auxdites Escolles 15 ou 20 hommes, qui creusent et trouvent force antiquités".