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DEUX MASSALIÈTES DANS L'ÎLE D'APOLLON






    Délos et Marseille. On voit sous quel signe se fait cette rencontre : celui de l'"emporia", le grand commerce maritime. Il fut vital dans l'histoire de ces deux centres naturellement tournés vers la mer. Il explique les relations nouées au fil du temps par la cité phocéenne avec le coeur des Cyclades. Il engage à rapprocher le berceau d'Apollon et la ville fondée sous le signe d'Artémis ; à réunir en somme le frère et la soeur.

    Ce lien mène de l'antiquité au Musée Borély. Avant de retrouver les oeuvres déliennes qu'il abrite ou celles qui ont transité par Marseille, on évoquera les Massaliètes dans le sanctuaire ; on suivra le premier Marseillais parcourant ses ruines.

    Il n'y a jamais eu à Délos de "trésor des Marseillais", comme il y en avait un à Delphes, l'autre haut-lieu panhellénique du culte apollinien. La présence de la Massalia antique s'est pourtant affirmée dans ce creuset du monde ionien qu'était l'île d'Apollon. Deux documents épigraphiques l'attestent. Leur date basse, vers le milieu de l'époque hellénistique, est significative. Elle fortifie l'idée que les Massaliètes n'ont multiplié les contacts avec la partie orientale du bassin méditerranéen qu'après avoir assuré, dans sa partie occidentale, les moyens de se développer. Reste que deux inscriptions pour apprécier le niveau et la force d'une influence, c'est peu. Mais plus qu'on ne croit quand on sait que pour toute l'Antiquité nous connaissons par leurs noms moins de trente citoyens massaliètes.

    Le premier texte est un décret gravé sur un bloc de marbre mutilé. Traduisons-le après M. Clerc :

    "... Attendu que Léon, fils de Léon, de Marseille, étant proxène et évergète du sanctuaire et des Déliens, déploie en toute occasion tout son zèle pour être utile au sanctuaire et au peuple et rend service tant en général à la cité qu'en particulier à ceux des citoyens qui ont recours à lui : le Conseil et le Peuple ont décidé de lui décerner une couronne de feuillage ; le héraut sacré proclamera au théâtre, lors des fêtes d'Apollon, au moment où paraîtront les choeurs des enfants, que le Peuple couronne Léon, fils de Léon, de Marseille, en récompense de sa vertu et de sa piété envers le sanctuaire, et aussi de sa bienveillance envers le peuple des Déliens ; ce décret sera gravé sur la stèle où a été inscrit le décret lui conférant la proxénie. Hermagoras, fils d'Hermokréon, a mis la proposition aux voix".