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LES CONFÉRENCES DU JEUDI 25 OCTOBRE 2001






    Bernard Eck (Université de Bourgogne), "Voyageurs grecs et exploration de la Mer noire".

    La communication porte sur la période qui précéde la fondation des colonies grecques du Pont-Euxin ; cette fondation date, si l'on considère les premiers établissements grecs (Sinope, Bérézan, Istros), de la seconde moitié du VIIè siècle. Quelle connaissance les Grecs avaient-ils de la mer Noire et de ses rivages avant de venir s'y installer ? Il convient en premier lieu d'examiner les poèmes homériques ; beaucoup de savants, particulièrement en Géorgie, invoquent Homère pour affirmer l'existence de relations entre la Grèce et la Colchide au VIIIè siècle, voire des siècles auparavant ; or, la lecture de l'Iliade et de l'Odyssée ne permet pas une telle conclusion : Jason, la nef Argo, les roches << planctes >> ou le Catalogue troyen n'ont rien à voir avec la mer Noire, dont Homère, du reste, ne semble pas connaître l'existence. Cette recherche peut alimenter l'important débat sur la date de la fondation de Sinope (avant 756 ou en 631 ?), dont l'enjeu est de savoir si le Pont-Euxin a été colonisé avant ou après la Propontide, et l'analyse des poèmes homériques ne plaide pas pour une datation haute de Sinope.
    Plus généralement, l'étude des rivages du Pont-Euxin présente des difficultés liées aux caprices de la nature. En effet, des bouleversements considérables ont, de l'Antiquité à nos jours, affecté la mer Noire ; ainsi, dans certaines zones, le niveau de la mer est monté de dix mètres et des sites majeurs comme Callatis, Olbia, Bérézan ou Phasis sont aujourd'hui en partie submergés. Une pareille situation interdit évidemment toute conclusion définitive, en particulier pour l'époque archaïque dont certaines données sont à jamais perdues.
    Enfin, la communication fait une mise au point sur la délicate question des contacts précoloniaux entre les Grecs et le Pont ; les spécialistes s'interrogent sur des trouvailles archéologiques disséminées, peu nombreuses, souvent limitées à la céramique grecque et qui renverraient à une ou deux générations avant les premiers colons grecs. Des énigmes apparaissent comme la singulière découverte, à Mashat, en pays hittite, d'objet mycéniens arrivés là par une voie qu'on ignore ; si celle-ci est maritime, il faut avancer l'hypothèse d'une navigation grecque en mer Noire à une époque très reculée.

    Indications bibliographiques :
    - N. Ehrhardt, Milet und seine Kolonien, Francfort, 1983.
    - O. Lordkipanidzé et P. Lévêque (éd), Le Pont-Euxin vu par les Grecs, Paris, 1990 et Sur les traces des Argonautes, Paris, 1996.
    - U. Hölscher, Die Odyssee. Epos zwischen Märchen und Roman, Munich, 1990.
    - G.R. Tsetskhladzé (éd), The Greek Colonisation of the Black Sea Area, Stuttgart, 1998.
    - A. J. Graham, Collected Papers on Greek Colonization, Leyde, 2001.