Catherine Dobias-Lalou, "Voyageurs Cyrénéens"

    Pour les Cyrénéens, au commencement fut le voyage. L'imaginaire collectif s'est nourri de ce transport inaugural, qui devait être un voyage sans retour, non une apodËmia provisoire, mais une apoikia fixe et définitive.

    S'agissant de l'Époque historique, nous définirons le voyage comme le déplacement d'un individu ou d'un petit groupe quittant de façon temporaire sa résidence habituelle pour la retrouver ensuite. Il peut être envisagé de et vers la Cyrénaïque. On privilégiera le premier cas. Il n'existe aucune source systématique sur les voyages des Cyrénéens, mais on peut, d'une foule de renseignements indirects, tirer quelques tendances.

    I. Le voyage a un objectif : 1) religieux, notamment agonistique ; 2) commercial ; 3) Éducatif ; 4) missions officielles plus ou moins complexes (les sula; la récupération de dettes). Le tourisme (voyager pour voyager) suscite de très rares témoignages.

    II. Le voyage s'inscrit dans un cadre : 1) un patronage religieux (Hermès ? Anemoi, Apollon Apobaterios et Soter ; les prothearia); 2) une infrastructure matérielle (routes, ports) ; 3) des orientations privilégiées : la documentation concerne essentiellement la route du Nord, c'est-à-dire les relations avec le bassin Égéen. Ainsi les Cyrénéens, bien loin de cultiver l'exotisme, ont usé du voyage pour approfondir leur hellénisme.