L'ouvrage de Claude Rolley est un bel objet, digne en tous points des productions du Céramique - le quartier des artisans de l'Athènes classique. Cette Sculpture grecque, dont le premier tome s'arrête avec l'ouverture du chantier péricléen de l'Acropole, paraît dans une nouvelle collection de "Manuels d'art et d'archéologique antiques". Malgré le titre de la série, ce volume qui en appelle d'autres n'est pas un livre scolaire. C'est le travail d'un maître de la technè, un terme qui associe en grec excellence, invention et savoir-faire.

    Prolongeant l'expérience de son enseignement, Cl. Rolley invite à pénétrer dans l'atelier qu'il partage avec les sculpteurs grecs. On aime la sobriété et la force qui se dégagent de l'ensemble. La présentation fuit l'artifice. Un cahier de photographies en couleur prépare à la lecture avec le spectacle d'oeuvres originales. Une illustration en noir et blanc de grande qualité, des dessins au trait, des reconstitutions, des cartes, des plans, un index et un glossaire soutiennent l'essentiel : un texte dense accompagné de courtes notes. Nul athénocentrisme dans le choix des oeuvres commentées. La vitalité des centres de production hors d'Athènes, dans la Grèce propre et dans celle des colonies, au Nord comme à l'Ouest, est enfin reconnue. Fuyant la subjectivité, l'auteur débrouille l'écheveau des hypothèses qui nuisent à la compréhension de chefs-d'oeuvre, comme les bronzes de Riace, ces deux statues trouvées en mer au large de la Calabre au début des années 70. Ayant une information parfaite sur les dernières fouilles et les controverses qu'elles ont fait naître, il n'hésite pas non plus à attirer l'attention sur tel monument oublié dans un musée européen. Il tente avec brio une interprétation nouvelle du célèbre Aurige de Delphes. Bref, ce monument à la gloire des spécialistes de la pierre, de l'argile et du métal, où les oeuvres de la grande et de la petite plastique occupent le premier plan, offre les bons outils pour remonter aux origines de l'art occidental.