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Profiter des charmes d'une villa grecque. Le rêve de Théodore Reinach (1860-1928), patiemment réalisé au début de notre siècle à Beaulieu-sur-Mer, près de Nice, est désormais à la portée de tous. Depuis 1967, cette maison à l'antique, plantée au bout de la Baie des fourmis entre le cap Ferrat et le golfe de Villefranche, accueille des touristes venus, chaque année, de plus en plus nombreux.
Préfacé par Karl Lagerfeld et orné de superbes photographies, un livre récent a fait connaître, avec une érudition parfaite, ce monument historique légué par son propriétaire à l'Institut de France. Aujourd'hui, un cédérom doté du meilleur de la technologie informatique propose une visite virtuelle de cette fastueuse résidence. Le plaisir est au rendez-vous. Cette promenade interactive révèle les qualités d'un lieu d'exception, dont l'histoire n'est pas sans intérêt.
Le projet de la "villa Kérylos" - en grec, l'hirondelle de mer - remonte à l'année 1900. Un client fortuné rencontre un architecte dont la réputation est gage d'un avenir prometteur. Affaire est faite. Théodore Reinach charge Emmanuel Pontremoli (1865-1956) de construire une demeure grecque sur le promontoire rocheux qu'il a acheté, quelque temps auparavant, à Beaulieu-sur-mer. C'est, dit-on, en compagnie de Guy de Maupassant que, jeune homme, Reinach s'est laissé séduire par ce coin de Méditerranée qui évoque irrésistiblement le paysage grec et devient un endroit à la mode.
Comme ses deux frères - Joseph, le secrétaire de Gambetta, et Salomon, le conservateur du Musée de Saint-Germain-en-Laye -, le benjamin des Reinach a raflé les prix au Concours général et connaît ses humanités. Cet homme d'affaires avisé, qui a proposé une nouvelle démonstration du théorème de Pythagore, est un antiquisant reconnu. Dès 1890, il obtient le grade de docteur ès lettres après avoir soutenu ses thèses en Sorbonne : un essai sur le poète latin Archias et une biographie du roi du Pont Mithridate Eupâtor. Quatre ans plus tard, pendant la grande fouille de Delphes, cet homme de science, qui est aussi musicien, présente la première interprétation de l'hymne à Apollon gravé sur un mur du Trésor des Athéniens. Juste redécouverte dans les sables de l'Egypte, La Constitution d'Athènes d'Aristote est traduite par cet helléniste passionné. Après avoir participé au recueil des Inscriptions juridiques grecques, cet intellectuel attaché à la mémoire juive entreprend, seul, l'édition des OEuvres complètes de Flavius Josèphe.
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