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UN LIVRE SUR LES ÉTRUSQUES






    Avec ce livre, on dispose maintenant de la meilleure synthèse en français sur ce "peuple de la différence" ne cessant d'intriguer par les mystères qui l'entourent : celui de sa langue, celui de son origine, celui de son développement rapide et de son effondrement brutal.

    A toutes ces questions, D. Briquel a le mérite de répondre avec prudence et clarté. Etruscologue distingué et professeur accompli, il sait se mettre à la portée de son lecteur. Il le guide dans son approche des textes étrusques. On les lit aujourd'hui sans difficultés ! On en comprend certains, comme les inscriptions à caractère funéraire. Mais seule une pierre de Rosette, encore imaginaire, permettrait de progresser dans la connaissance de cette langue isolée, reste d'un groupe linguistique disparu. L'auteur répond avec la même pédagogie à la question : d'où viennent les Étrusques ? Il rappelle les différentes hypothèses, toutes formulées dès l'Antiquité et souligne que la thèse retenue déterminait déjà l'image que l'on voulait donner de ce peuple déconcertant. Il le reste pour nous jusque dans ses tombes. Les inquiétantes grimaces des fresques funéraires font face aux sarcophages surmontés de l'image sereine de couples bien nourris.

    Plus animée, la seconde partie, exploitant avec bonheur le résultat des fouilles de ces trente dernières années, décrit l'histoire d'une puissance maritime et brosse un tableau de la vie politique, sociale et culturelle de l'Etrurie des douze cités. Elle sut profiter des richesses minières de son sous-sol et commercer par le biais de comptoirs avec les marins grecs venus y chercher, dès le VIIIe siècle, les métaux qui leur manquaient. Les Grecs ne seront pourtant pas tendres pour les Tyrrhènes, qualifiés de pirates cruels aux moeurs scandaleuses. Les Romains, qui soumettront le peuple étrusque en assimilant ses élites et en usant de la force, orchestreront à leur tour le thème de la mollesse étrusque. Mais ils feront un portrait inattendu de l'Etrusque : celui du plus religieux des hommes. Rome saura mettre à son service les haruspices pour consolider la pax deorum, la paix avec les dieux. Les tombolari, les pilleurs de tombes, l'ont sûrement troublée au siècle dernier. Ils ont au demeurant nourri une étruscomania qui a depuis fait école.

    Hervé DUCHENE